Morceaux choisis du livre 1

Soudain, Zorkaï haussa la voix, se mit à gesticuler en tous sens et jeta une poignée d’une mystérieuse poudre dans le feu, faisant jaillir une gerbe d’étincelles multicolores. Les hommes qui allaient partir au combat commencèrent alors à revêtir leurs peintures de guerre. Au fur et à mesure que les motifs sacrés rouges, blancs et noirs se dessinaient sur leur corps, leur regard devenait plus déterminé et plus sauvage. Les symboles magiques qui ornaient leur visage, leur torse et leurs bras semblaient leur insuffler une puissance surnaturelle. Voilà que ces hommes d’ordinaire si pacifiques se métamorphosaient tout à coup en redoutables guerriers !

Les oiseaux décrivirent plusieurs cercles avant de se percher sur les toits. Moins farouche, l’un d’eux se posa dans la cour à une vingtaine de pas. Gundar s’en approcha doucement pour ne pas l’effrayer, mais au bout de quelques pas, il s’arrêta et son sang se glaça d’horreur et d’effroi. Ce qu’il avait devant lui n’avait rien d’un oiseau ni d’une chauve-souris !

À chacun de ses pas sur cette magnifique avenue, Gundar avait davantage le sentiment de fouler un sol sacré. Une sorte de magie bienveillante semblait se dégager de ces lieux chargés d’histoire. Sans trop savoir pourquoi, il se prit à imaginer cette fameuse impératrice Khira remontant cette Voie impériale pour se rendre au temple. Il eut même l’impression de voir l’empreinte de ses pas se dessiner sur ces grandes dalles blanches. Il sentit alors son cœur se serrer. Elle avait régné sur le Premier Monde avec une telle bonté et une telle générosité… Étrangement, le jeune homme éprouvait soudain de la nostalgie pour cet âge d’or qu’il n’avait pourtant pas connu.

Malgré les injonctions de ses amis, l’officier dolraque courut jusqu’au démon et abattit son arme sur lui. Sans broncher, Zemla leva son épée pour bloquer le coup. La hache se brisa en deux contre la lame noire, et la puissance du choc fit tomber le capitaine sur les genoux juste aux pieds de son ennemi. Celui-ci le considéra avec mépris pendant quelques secondes, puis il arma son bras pour lui donner le coup de grâce.

Le cœur de Gundar se mit à battre avec une force inouïe. À mesure que cette gracieuse beauté se dévoilait et s’offrait à lui, sa respiration s’accéléra, et ses veines s’embrasèrent l’une après l’autre. Et quand le satin bleu pâle s’étala mollement dans l’herbe aux pieds de la belle guerrière, il se débarrassa à son tour de ses vêtements d’une main fébrile et commença à l’embrasser dans le cou et sur la poitrine en lui pétrissant les hanches de caresses enflammées.